Voline à Arru, les 21 et 23 mai 1945, le 29 juin 1945
Article mis en ligne le 1er février 2016

par SKS

André Arru (Notes sur Voline) :
«  Je reçois enfin une lettre datée du 21 mai 1945, écrite entièrement au crayon. En haut à gauche était porté de sa main " Hôpital de la Conception, Marseille" ; une autre lettre suit la première, toujours écrite au crayon et datée du 23 mai. Voici quelques extraits de l’une et de l’autre  » :

Ci-dessus : photo de Voline à l’hôpital La Conception (Marseille)

« …Mon très, très cher Ami André,
Tu m’excuseras, avant tout, de ne t’écrire que maintenant, après avoir reçu de toi de multiples lettres… Vois-tu, d’abord débordé de travail, ensuite tombé sérieusement malade, ce n’est que depuis quelques jours que complètement guéri (je quitte l’hôpital ce vendredi 25 mai), j’ai pu enfin commencer à ouvrir ma correspondance, en retard depuis plus de 3 mois… … Ce que fut exactement ma maladie, personne n’en sait rien – même les docteurs – puisque pendant 3 semaines, du 1er au 24 mars, j’ai traîné la maladie debout, en continuant mon travail, espérant la vaincre par la volonté etc. Je ne mangeais presque pas ; tout le monde me disait que j’étais malade, je m’obstinais… Ce n’est que le 24 mars que je me suis effondré d’un bloc. C’est le cœur qui a flanché car ma faiblesse, après 3 semaines de jeûne, était extrême... … On a voulu, naturellement, appeler un docteur… Je m’y suis opposé, espérant lutter moi-même contre le mal… »

« …Comme tu vois je suis resté à l’hôpital 45 jours pleins… les docteurs constatèrent que le mal était intestinal … mais aucun moyen de le savoir 30 jours après la maladie… … Oui, il y a eu de « l’intestinal » là-dedans (mon seul point faible). Mais il y a surtout un fantastique surmenage. Et je prétends, tout simplement, qu’en 45 jours d’hôpital j’ai liquidé 45 ans de surmenage. Je suis dans le mouvement social depuis 1900, le combinant presque toujours avec le travail professionnel et je ne me suis jamais reposé. J’ai donc pris un bon repos… … Grâce aux amis qui m’ont placé à l’hôpital, j’y ai passé 45 jours épatants, soigné, même choyé, comme un prince royal… de sorte que ce 25 mai, je suis à même de sortir de l’hôpital… ».

« …Ce 25 mai au soir, rentré de l’hôpital, je lis les épreuves du n°2 (16). Le 26 mai je tâcherai d’être à l’imprimerie… ». Et il terminait cette double lettre – 12 pages en tout – ainsi : « … Viens me voir là où je serai en pension. Nous causerons de tout, hein ? … »

André Arru note dans ses souvenirs sur Voline :

Le 29 juin 1945, il m’écrivait : « … Ma santé en général – Malgré tous les obstacles … mes forces reviennent… J’ai fait de nouveau 6 kms à pied, avec beaucoup moins de fatigue… »


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