"AUTRES FAÇON ET FORME DE PENSE(R)E" par Francis Kaigre
Article mis en ligne le 25 août 2018
dernière modification le 7 octobre 2018

par SKS

AUTRES FAÇON ET FORME DE PENSE(R)E [1]

J’avais vingt-sept ans, je venais de découvrir le monde du militantisme et de rencontrer ma compagne Nicole qui trente-six ans après l’est toujours.

Le MCAA (Mouvement Contre l’Armement Atomique) de Marseille était constitué de personnes venant d’horizons très différents mais toutes opposées à la prolifération et à l’utilisation d’armes de plus en plus terrifiantes. Non-violents, chrétiens de gauche, pacifistes, libres-penseurs, j’en oublie peut-être animaient le groupe de Marseille.

Presque tout de suite, nous nous rapprochâmes des libres penseurs.

Avec Georges et Janine qui militaient avec nous au MCAA nous allâmes leur rendre visite car ils venaient de s’installer dans un nouveau local à la rue Saint Vincent de Paul. Nous y rencontrâmes André et aussi Sylvie qui était ou allait devenir sa compagne.

Pour moi, ce fut la découverte d’un lieu où amitié, réflexions et engagements se côtoyaient avec beaucoup de simplicité.

Ainsi, je découvris la personnalité d’André. Elle était impressionnante pour quelqu’un qui sortait depuis peu d’un isolement militant total.

Les idées, les pensées, les analyses jaillirent vers moi avec étonnement et enthousiasme.

André se lançait dans des analyses profondes sur des sujets très divers mais toujours en relation avec l’objectivité et le détail précis qui lui tenaient à coeur avec passion.

Ma vie prit une nouvelle dimension. Je découvris des pacifistes, des libres-penseurs, des libertaires ignorés et volontairement passés sous silence par les dominants de nos sociétés. Rien ne fut comme avant et d’année en année le besoin de savoir, de comprendre devint une des raisons de poursuivre l’existence.

Aujourd’hui, trois ans après son dernier acte d’homme libre, il me semble qu’il est toujours présent parmi nous et je citerais la phrase écrite par Anna Girotti le 3 janvier 1999 : « En ce jour, je suis heureuse d’avoir eu la chance de te connaître un peu car c’était de la richesse que tu transmettais à qui t’approchait ».

Francis KAIGRE

Marseille le 27 juillet 2002