Article d’André Arru paru dans {Le Libertaire} du 27 mai 1949.
L’Action criminelle de l’Eglise catholique
Article mis en ligne le 25 août 2010
dernière modification le 14 juillet 2010

Les leaders des partis de gauche ne font plus d’anticléricalisme. Ils préfèrent utiliser d’autres propagandes pour accéder aux antichambres qui mènent au pouvoir ou pour s’accrocher à ce dernier. Le parti radical, l’ex-bastion de l’anticléricalisme, reste aujourd’hui dans une neutralité plutôt bienveillante face à l’Église catholique. Le parti socialiste suit le même chemin et paraît ignorer les compromissions de ses représentants avec son ennemie d’autrefois. Quant au parti communiste, la main tendue aux catholiques est depuis longtemps tout un programme. Les anarchistes sont-ils donc des attardés, des « bouffeurs de curés » par tradition sentimentale ? La querelle qui nous anime contre l’Église catholique doit-elle cesser ? Peu nous importe nous disent certains catholiques si Dieu existe ou s’il n’existe pas, nous préférons y croire, vous pas. Cela ne doit pas nous empêcher de nous unir contre tous les dictateurs, contre tous les fauteurs de misère. Notre doctrine tirée de la parole de Jésus est : tu ne tueras point ; tous les hommes sont frères ; n’est-ce pas la vôtre ?

L’Église catholique répondons-nous, qui se sert de votre innocence, de votre naïveté ou de votre arrivisme, a toujours fait la guerre pour assurer sa suprématie intolérante et plus que jamais elle fait sa guerre pour reprendre l’influence perdue durant le siècle dernier. Si nous sommes toujours au travers de son chemin, c’est parce que nous combattons tous les pouvoirs et ainsi nous refusons de composer avec les hommes de gouvernement que sont les chefs de l’Église. L’évolution des partis de gauche s’explique par le fait que voulant conserver ou accéder aux postes de commandement, ils font feu de tous bois et en arrivent fatalement à adorer aujourd’hui ce qu’ils ont brûlé hier.

L’histoire de l’Église est édifiante : guerres, félonies, assassinats sont les moindres de ses péchés.
Ce passé est-il révolu ? Examinons les faits.

En 1937, le Pape bénissait les armées italiennes qui partaient soutenir Franco et faisait faire des prières pudiques pour que Dieu vienne en aide au sauveur du christianisme en Espagne.
Bernanos, chrétien mais anticlérical, pouvait écrire : « On vous voit au nom du Père, du Fils ou du Saint-Esprit, bénir des arguments à répétition qui sont tous luisants, bien graissés des célèbres bibliothèques de M. Hotchkiss. J’ai vu par exemple, Monseigneur l’Évêque – Archevêque de Palma agiter des mains vénérables au dessus des mitrailleuses italiennes. L’ai-je vu oui ou non ?  » [1]

Pendant ce temps en France, des centaines de milliers d’enfants, élèves des écoles chrétiennes, faisaient par ordre, des prières pour la victoire de Franco. Toute la presse catholique française de l’époque publiait quotidiennement les mensonges des chefs assassins du peuple espagnol et le monde catholique de la finance et de l’industrie faisait pression sur le gouvernement français pour une non-intervention à sens unique. Le préfet des Basses-Pyrénées, catholique militant, empêchait le passage d’un train de munitions payées en or par les républicains espagnols et permettait ainsi aux troupes maures de Franco d’envahir le territoire basque. Il livrait ensuite aux franquistes lesdites munitions.

Le Vatican jouait sa carte et quelle carte ! Un hebdomadaire pro-gaulliste, donc plutôt favorable à l’Église publiait il y a quelques temps les lignes suivantes :

« En dehors de la volonté du dictateur, il n’existe en Espagne que deux forces qui comptent et qui sont les piliers du régime : l’Église et l’Armée... Ce n’est pas par hasard que Franco est catholique et général.
L’Église a retrouvé avec Franco la toute puissance dont elle jouissait en Espagne aux XVIe et XVIIe siècles. Officiellement elle contrôle l’enseignement, la radio, la presse, le théâtre, le cinéma, l’édition, tous les moyens d’expression de la pensée ; indirectement elle contrôle la justice, les finances, la diplomatie, la police, tous les rouages de l’État. Ses décisions sont suprêmes, son autorité est absolue. Le catholicisme est religion d’État et sans qu’il soit besoin de mesures discriminatoires, il n’y a pratiquement pas de place en Espagne pour les non catholiques.
 » [2]

Inutile de commenter cet article qui nous prouve amplement qu’il n’y a rien de changé, dans le jeu traditionnel de l’Église catholique, apostolique et romaine. Le sacré collège est toujours le gouvernement de l’Église et la majorité qui le compose appartient toujours à la Congrégation de Jésus, qui possède comme du temps de l’Inquisition une diplomatie secrète en robe longue et en robe courte qui place ses éminences grises (plus grises que jamais) sur les échiquiers gouvernementaux.

Jamais l’Église n’est vaincue, tout au plus perd-elle des batailles. Elle se replie sur elle-même et attend le moment favorable pour lancer une nouvelle offensive. Mais lorsqu’elle vainc, elle ne connaît alors ni pitié, ni pardon, ni tolérance. Malheur au peuple qui tombe sous son joug, la vengeance est terrible. Malheur à toi, pauvre peuple d’Espagne.

Malheur à toi aussi, peuple de France, si tu ne réagis pas vite et fort. L’Église n’oublie pas que la France est sa fille aînée et préférée pour des raisons géographiques de haute politique internationale.

En France le monde catholique a tremblé de 1936 à 1937. Il a repris depuis du mordant. L’Église s’est infiltrée partout et nous verrons dans un prochain article le travail souterrain qu’elle fait dans ce pays pour reconquérir la place qu’elle y possédait, là aussi, aux XVIe et XVIIe siècles.

André Arru


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