En 1969, André Arru envisagea de créer un groupe de réflexion correspondant à ses préoccupations du moment, après bien des années passées à militer intensément. Avec l’individualisme libertaire, il renouait avec sa première rencontre avec le petit groupe informel qui s’était formé à Bordeaux autour de Serge Grassiot [1], et qui fut, avec une conférence de Sébastien Faure, un de ses points d’entrée dans l’anarchisme. Il ne s’était du reste jamais écarté de cette philosophie, à laquelle correspondait bien l’état d’esprit du groupe de libres penseurs Francisco Ferrer à Marseille, tout comme à bien des égards, la revue trimestrielle La Libre pensée des Bouches du Rhône (1968-1981).
La création de ce groupe envisagée n’aboutit pas, n’ayant pas trouvé d’écho suffisant chez les camarades contactés.
Ci-dessous, l’en-tête de Lucifer, organe de Pensée libre et de culture individuelle , publié à Bordeaux de 1929 à 1934 et animé par Aristide Lapeyre. (pour plus de précisions, voir la notice d’Ephéméride anarchiste (http://www.ephemanar.net/mars01.html) et Cgécaf, Catalogue général des éditions et collections anarchistes francophones (http://cgecaf.com/mot258.html).
SKS
Groupe d’Études d’Individualistes Libertaires
Association culturelle d’études, de recherches, et de vulgarisation pour l’épanouissement de la liberté individuelle.
BUT : Hors de tous dogmatismes, de croyances politiques, religieuses ou philosophiques, les associés s’assignent pour but de rechercher, d’étudier, de discuter tout ce qui a pu, peut et pourra influencer le développement de l’individu et de sa liberté au sein de toutes sociétés, quels que soient les constitutions, les gouvernements, les autorités, les principes qui les dirigent.
Ils se proposent aussi d’informer en publiant non seulement la documentation rassemblée et les études qui en découlent, mais aussi les propositions et conclusions momentanées qu’ils en tirent.
MOYENS : Groupe de travail à partir de réunions régulières sur un sujet choisi. Recherche de documentations. Etudes individuelles. Discussion. Analyses. Synthèses. Constitution de fichier. Publications.
FINANCEMENT : Cotisations.
ADHÉSION : Par cooptation ou présentation par d’autres membres.
PRÉCISIONS : Il est bien entendu que l’action sociale n’est pas le fait de ce groupe d’études. L’associé épris d’individualisme libertaire reste libre hors du groupe d’agir, SEUL ou AU SEIN d’une autre association pour la réalisation de ce qui lui semble le plus favorable à l’évolution humaine.
La société étant ce qu’elle est, certaines fonctions ou appartenances sociales, administratives, politiques etc., peuvent paraître incompatibles avec l’adhésion au groupe ; mais tenant compte que l’individu est pris dans les rouages de la vie et de la société, il ne peut être décidé de l’incompatibilité qu’après avoir pris connaissance du cas précis et en la présence de l’intéressé.
Notre individualisme libertaire :
La base de toute Société étant une réalité soit l’association des individus qui la composent, il est contraire à toute raison, à toute logique et par cela même à toute idée de progressisme humain, de faire de la Société une entité à laquelle vont être soumis et sacrifiés l’ensemble-réalité des individus qui en font partie. C’est pourtant ce qui marque de plus en plus la tendance des sociétés dans lesquelles la multitude humaine vit actuellement.
La Morale, l’Autorité, l’État, la Nation, la Patrie, la Religion, la Démocratie, la Race, les Traditions, la Famille, la Loi, le Parti (etc.) sont devenus autant d’entités-réalités, qui absorbent l’individu, compriment sa liberté, l’empêchent de se connaître, de se développer, de se réaliser, d’évoluer pleinement. Elles font de chaque individu au sein de la société, des complexés, refoulés, déboussolés à la merci de toutes les propagandes bien orchestrées.
Il s’agit donc pour nous de renouer avec une tâche entreprise par bon nombre de prédécesseurs et qui consiste à dénoncer les fantômes empêchant l’individu d’être lui-même, de l’aider à découvrir sa propre originalité et de la cultiver tant dans le domaine de la connaissance que de sa capacité.
Tenant compte de la relativité de toutes choses et particulièrement dans le domaine de la LIBERTÉ où celle d’un individu peut amener l’asservissement d’autres, nous concevons que certaines formes d’autorité, sous certaines conditions, puissent être considérées comme nécessaires. Toutefois, toute autorité étant envahissante et sclérosante, chacun de nous se doit d’en limiter le rôle et d’en réduire les effets (seul ou associé) au fur et à mesure des possibilités, c’est à dire de sa propre prise de conscience. Nos travaux feront partie de ce rôle réducteur de l’autorité.