Extraits de correspondances
Aristide Lapeyre/André Arru (3)
Article mis en ligne le 5 janvier 2011
dernière modification le 2 janvier 2011

par SKS

Le visiteur ne trouvera ici que des extraits des lettres d’André Arru à Aristide Lapeyre. Plusieurs raisons à cela : d’une part, les correspondances d’Aristide sont moins fréquentes ; d’autre part, les textes des lettres d’Aristide réunies dans les Archives André Arru ne sont pas encore toutes saisies. Ce travail se fera petit à petit.

SKS

André Arru, le 26.11.1970 à Aristide Lapeyre :

« Mais au fond des choses, disons que chaque fois que nous avons perdu une illusion nous avons augmenté notre force, notre capacité de résistance. Après tout en nous acharnant à libérer les autres, nous nous sommes libérés nous-mêmes, plus exactement nous avons renforcé notre autonomie, nous avons préservé et développé notre individualité, ce qui n’est pas, entre autres, la moindre des victoires. »

André Arru, le 4.05.1962 à Aristide Lapeyre :

« Nous pourrions donc ici à Marseille – sur le plan F.A. profiter de ton passage pour tenter de reconstituer le groupe qui n’existe pas… Mon but serait le suivant : faire organiser la réunion par les jeunes, Bianco, Thomas etc… Tu ferais la conférence sur un sujet à références libertaires, et à la fin de la réunion les jeunes feraient un appel pour la constitution d’un groupe. J’ai soufflé cette idée à l’un d’eux et je crois que tu vas recevoir une lettre ces jours-ci à ce sujet. » … Plus loin, à propos de l’Abbé Roure qui venait en contradicteur aux conférences de la Libre Pensée : « Il n’est pas fort, mais il est de mauvaise foi… c’est un jésuite… c’est tout dire. »

André Arru, le 30.07.1958 à Aristide Lapeyre :

« J’aurais aimé que tu vienne visiter La Boîte à Bouquins mais si tu veux la voir sous ma direction il faut te dépêcher car elle est en vente. Et j’espère qu’elle sera vite vendue. Ce n’est pas du tout ce que j’espérais, ce que je désirais. Le seul agrément c’est d’être au milieu des bouquins, c’est tout. Il faudrait dix ans pour se créer une clientèle intéressante. D’autre part on lit peu dans la région (trop de soleil) et même le milieu ami environnant ne consacre que peu de temps à la lecture. Il y a une « administration » fastidieuse dans ce commerce, plus encore que dans les autres… Et puis, il y a peut-être autre chose, j’ai l’impression d’être enchaîné, d’être embourgeoisé dans le sens matériel du mot et cela me pèse. »

Carte de la librairie

André Arru, le 12.10.1958 à Aristide Lapeyre :

« Je pense beaucoup à une propagande de forme individualiste, dans le genre de celle qu’Armand faisait jusqu’à présent avec « L’Unique ». Reprendre le lancement de cette revue, si Armand y consentait naturellement, me plairait. Mais j’ai peur de ne pas être capable de lui conserver la haute tenue qu’Armand avait su lui donner… Enfin je trouverai bien quelque chose qui m’occupe et qui me permette de conserver le contact avec ce « milieu » qui m’a été personnellement si bénéfique, malgré toutes les désillusions rencontrées, mais ces dernières je les aurais rencontrées ailleurs aussi, elles sont inhérentes à l’espèce humaine. »

André Arru, le 4.10.1959 à Aristide Lapeyre :

« Ça y est : depuis hier après-midi le groupe de Libre Pensée Francisco Ferrer est créé. Il comprend déjà 10 ou 11 membres. J’aimerais que tu l’inaugures par une conférence à Marseille. »

André Arru, le 3.12.1951 à Aristide Lapeyre :

« Je crois en effet que tu as raison, en sociologie il ne faut pas s’astreindre à atteindre un but, mais simplement choisir une voie et œuvrer dans cette voie jusqu’au bout de soi-même. Ainsi pas d’illusions et par contrecoup pas de désillusions. Mais cela demande de posséder une très grande sagesse très difficile à acquérir. Lorsque je suis maître de moi, c’est bien ainsi que je pense, mais je suis d’un tempérament impatient, difficile à maîtriser qui m’emporte souvent loin des réalités et qui, lorsque ces dernières m’aveuglent, me laissent pantelant. Il m’aurait été plus facile, du moins je le pense, de vivre une époque de lutte active, de chambardement, j’aurais pu ainsi donner libre cours à ce besoin inné qui me pousse à me donner tout à une idée. Et si j’étais resté primitif, ce besoin impératif et désordonné m’aurait poussé à me donner tout à une personne ou à un dieu – ce qui entre parenthèses me fait comprendre bien des choses. »


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